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Lettre n°158, Novembre 2014

Du profane au sacré

Pour beaucoup de personnes, l’orgue est un instrument de musique pour l’église. Certes, l’orgue se trouve essentiellement dans les églises, mais c’est avant tout un instrument de musique à part entière.

À y regarder d’un peu plus près, l’orgue n’a pas toujours été et n’est pas encore de nos jours totalement un instrument sacré.

Inventé au 3ème siècle avant notre ère par un savant d’Alexandrie, Ctésibios, cet instrument appelé hydraule parce qu’il marchait grâce à la pression de l’eau, servait pour les jeux du cirque. Rien de sacré pour commencer. Puis d’hydraulique, il devient pneumatique (pression de l’air), se perfectionne, s’agrandit peu à peu. Porté en bandoulière, il est portatif. Posé sur une table, il est positif. Offert en cadeau au roi Pépin le Bref, l’orgue apparaît en Occident au 8ème siècle.

Instrument d’apparat dans les salons de musique des bourgeois et seigneurs au Moyen Age et à la Renaissance, l’orgue fait son apparition dans les églises vers le 11ème et le 12ème siècle. D’abord pour remplacer une voix ou tenir une note (bourdon), l’orgue n’aura réellement son rôle à jouer dans les liturgies qu’à la fin du 14ème siècle et au début du siècle suivant. Petit orgue d’accompagnement sur les jubés des cathédrales et grand orgue de tribune souvent accroché au mur dans la nef - position que l’on appelle « en nid d’hirondelle » - certains instruments existent encore en témoignage de cette époque (Chartres – Toulouse – Lorris en Gâtinais – Embrun). Les premiers instruments dans les églises de Bordeaux étaient dans cette position (Cathédrale – Sainte-Eulalie) ainsi qu’à la cathédrale de Bazas. L’orgue n’a plus quitté les édifices cultuels depuis la fin du Moyen Age. Pourtant, l’orgue a aussi une dimension profane.

Il y avait des orgues dans les théâtres et opéras (notamment au Grand Théâtre de Bordeaux), mais également dans les cinémas avant l’arrivée des films parlants (cinéma Olympia à Bordeaux, orgue inauguré par Charles Marie Widor), dans les salles de spectacles (Salle Franklin à Bordeaux) et également chez des particuliers qui avaient des orgues dans leurs salons pour donner des concerts privés. Comment ne pas citer les orgues monumentales du Baron de l’Epée dans sa demeure d’Ilbarritz à Bidart au Pays Basque aujourd’hui au Sacré-Cœur à Paris : du profane au sacré !

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