Lescar retrouve son orgue

La cité de Lescar a donné son nom à la province du Béarn (Beneharnum en latin) première capitale du peuple des Venarni. Ayant perdu son rôle de capitale béarnaise, au profit de Morlaàs, la cité est reconstruite à la fin du 10ème siècle sous l’impulsion du duc de Gascogne Guillaume Sanche. Siège d’un évêché, la cathédrale est consacrée en 1062, remplacée au 12ème siècle par l’actuelle. Lescar perd le siège de son diocèse en 1790.
La cathédrale Notre-Dame de l’Assomption renferme une mosaïque du 12ème siècle dans le chœur représentant une scène de chasse mauresque. Les stalles en chêne du 16ème siècle représentent les 12 apôtres, les 4 évangélistes entourant le Christ ainsi que des saints locaux. De nombreux chapiteaux historiés sont présents dans les nefs de la cathédrale. Mais, l’édifice roman abrite également un orgue romantique dans un buffet du 18ème siècle.
Grâce à la générosité du chanoine d’Espalangue, un orgue est installé dans la cathédrale en 1761. Il nous reste aujourd’hui les buffets verts et or qui seraient l’œuvre des compagnons de Dom Bedos : Baïssac-Labruyère, Austruy, Duhaut et Maurroumec. Toutefois, le grand-corps a dû être rabaissé en hauteur, le buffet du positif de dos étant démesuré par rapport au grand buffet.
En 1869, Georges Wenner reconstruit l’orgue dans les buffets d’origine. Inauguré le 20 février 1870 par Léandre Czerniewski et François-Eugène Legros (St-Nicolas de Bordeaux), l’orgue comprend 32 jeux sur 3 claviers de 54 notes et un pédalier de 27 notes. Restauré en 1915 par Michel Roger, en 1953 par la maison Pesce de Pau, en 1978 par Robert Chauvin et enfin en 2000 par Nicolas Toussaint, l’orgue présentait de sérieux signes de faiblesse dès le début des années 2010.
Stéphane Pesce et ses compagnons se chargèrent de faire un grand relevage depuis 2022 et c’est l’organiste basque Thomas Ospital qui aura l’honneur de faire sonner l’orgue le 20 avril prochain. L’orgue de Lescar est un des rares instruments de Wenner qui n’a pas été trop modifié au cours des années. C’est un précieux témoin de cette facture d’orgues.
Comment ne pas avoir une pensée émue au regretté Philippe Bense qui fut titulaire de cet orgue jusqu’à sa mort en 2019.
Philippe BEZKOROWAJNY